Le blog de femmes en collants
Pourquoi les collants des femmes sont-ils majoritairement noirs ? Il est temps de revenir aux collants écrus, beiges, en laine des années 1960.
Votre serviteuse a déjà raconté ici comment les collants, presque toujours absents des défilés et des photos de mode, sont toutefois fort utiles, indispensables, voire obligatoires dans la vraie vie et dans certains métiers.
Pourquoi ont-ils si mauvaise presse ? Les femmes elles-mêmes peuvent facilement le dire : tout d'abord, on se sent souvent délivrée quand on les retire. Et ensuite, bien des tenues vestimentaires "enlevées", gaies, s'éteignent dès lors qu'on ajoute une paire de collants.
"Ça fait des jambes de veuve, c'est la dépression", pour citer un commentaire judicieux sur Instagram, à propos des collants opaques noirs, les plus vendus, les plus portés en 2018.
Irrésistible objet du désir
Que vous entriez dans un Monoprix ou dans une boutique spécialisée en lingerie, vous verrez qu'en ce qui concerne les jambes, la proposition est à 90% noire. Or, il n'en a pas toujours été ainsi. Peu à peu, les collants couleur chair sont devenus synonymes d'une ringardise inconcevable, eux qui furent le chic absolu. C'est au point que les imaginer réapparaître semble impossible.
Pour autant, la mode ne cesse de faire fête à ce dont, l'instant d'avant, elle ne voulait plus entendre parler. Les épaulettes, eh bien, elles reviennent par exemple. La pièce manquante d'hier est demain l'irrésistible objet du désir. C'est ainsi.
Alors oui, certes, les collants chair semblent résister à cet ordre des choses. Votre serviteuse qui, comme la plupart des femmes, n'est pas du tout tentée par eux les trouve d'ailleurs trop old-fashioned. La pièce manquante manque cruellement. Une solution ? Peut-être.
En fouillant dans les photos d'archives, j'ai été frappée de constater que vers la fin des années 1960, les femmes commençaient à lâcher les collants chair pour d'autres... clairs. Ils étaient écrus, beiges, gris clair, très chauds, en laine ou en Nylon fantaisie, ajourés, avec des motifs comme des losanges ou des chevrons.
Peur de ne pas vendre
Les jambes ont eu cette heure de gloire où, tout en étant au chaud, elles pouvaient être des entités à la fois optimistes et hivernales. On trouve ces types de modèles dans une série mode sur deux dans les magazines "Elle" et "Vogue" de ces années-là (Catherine Deneuve les portait avec des bottes et des jupes longues fendues).
Les dégoter dans le commerce aujourd'hui est une autre paire de manches. J'en ai repéré chez Gerbe et chez Tabio. Dans les autres marques (Dim, Fogal, Falke...), on a des collants noirs un peu transparents, à plumetis, qui au moins laissent voir de la chair, donc de la vie. Mais la pièce manquante ne dément pas sa réputation : elle manque.
Les marques ont peur de ne pas la vendre. C'est que, entre l'époque dont je viens de parler et aujourd'hui, la couleur des chaussures a changé. Nous portons majoritairement des chaussures noires... et nous assortissons. Bref, le simple fait d'imaginer des collants clairs, loin d'être un détail, redéfinirait de fond en comble notre apparence contemporaine. Utopie ? Comme par hasard, les habits beiges reviennent.
Et le camel des années 1970, sur les bottes. Le noir pourrait bien perdre une partie de son hégémonie. J'écris "une partie" car c'est aussi le come-back des années 1980-1990, avec leurs collants noirs si opaques. Et donc, on pourrait voir cohabiter le clair et l'obscur, ce serait beau, cela nous ferait quitter l'uniformité. Ça ressemblerait à la vie. Attendons.