A la fois produits de manière polluante et devenus des accessoires jetables, les collants incarnent peut-être le pire de la mode en matière environnementale. Une alternative durable est pourtant possible.
Capable de galber la silhouette, de soulager un muscle endolori, d'améliorer la circulation, voire doté de vertus amincissantes, le collant s'est imposé comme accessoire indispensable pour toutes les femmes, depuis sa première commercialisation en 1940. :
Sauf qu'on ne s'était peut-être pas interrogé sur la durée de vie de ces collants. Qui s'avère très courte. D'après une enquête menée par l'association HOP, qui lutte contre l'obsolescence programmée, les collants ne durent qu'entre trois et cinq utilisations avant de se filer. Et encore, uniquement lorsque le produit se voit manipulé avec précaution.
Le nylon, un produit fragile, où un accroc est vite arrivé, parfois même avant la toute première utilisation. De quoi représenter un budget, potentiellement conséquent. Une aubaine pour les marques qui écouleraient chaque année plus de 8 milliards de paires dans le monde.
Enorme impact environnemental
Sauf que, au-delà de l'aspect économique, l'industrie du collant a un impact environnemental important.
L'industrie textile est, derrière celle du pétrole, la deuxième industrie la plus polluante du monde. Et les bas en nylon ne sont pas étranger à cela.
Pour la confection d'une seule paire de collants, il faut compter pas moins de 14.000 kilomètres de fils, 750 litres d'eau et une grande quantité de teintures allergènes. De quoi contribuer à une pollution importante dans de nombreuses villes industrielles asiatiques portées par le marché de l'habillement.
Face à ce constat, Linn Frisinger et Nadja Forsberg viennent de lancer Swedish Stockings, un label de collants éthiques. En 2012, les deux Suédoises sont choquées par le documentaire "The Light Bulb Conspiracy", qui met en lumière l'obsolescence programmée de nombreux produits, dont les collants. Révoltées, elles quittent leurs emplois respectifs et décident de lancer leur propre marque avec pour l'objectif de produire des bas éthiques et esthétiques.
"L'ADN du collant s'est envolé avec le temps. Par sa durée de vie limitée dans le temps, son achat ne suscite plus aucun intérêt, il se fait souvent à la dernière minute" déplore Nadja Forsberg.
Dans une usine italienne, elles font ainsi produire un tissu éco-responsable, grâce à la combinaison de plusieurs techniques : nylon entièrement recyclés, polymérisation de filets de pêche pour extraire du polyamide, teinture hypoallergénique et développement d'une micro-bactérie capable de purifier instantanément l'eau utilisé pour la teinture des collants. "Notre producteur peut littéralement la boire après le traitement", approuvent-t-elles en chœur.
"A moyen terme, nous espérons pouvoir accentuer notre recherche autour de nouvelle matières naturelles pour remplacer le nylon et l'élasthanne. L'amidon de maïs et l'huile de ricin sont des matières premières prometteuses pour notre production."
Surtout que la demande est en hausse. Les consommateurs sont aujourd'hui sur-informés sur les dangers liés à l'absorption de certaines molécules. Si le changement s'est d'abord opéré dans leur assiette où le bien manger est à l'honneur, l'émergence de nouveaux réflexes éthiques en matière de mode changent aujourd'hui la donne.
Si Swedish Stockings propose une alternative durable aux collants polluants, la fragilité du produit demeure inévitable, laissant la question de l'obsolescence. Avant de trouver la martingale, les Suédoises ont lancé un vaste programme de recyclage : "Nous encourageons les clientes à nous envoyer leurs vieux collants, peu importe la marque, pour les recycler", se félicitent Linn Frisinger et Nadja Forsberg. Comme un début de réponse.