Arrêter de renouveler votre stock de collants au supermarché sans y penser. Des marques innovantes ont mieux à vous proposer.
Si vous souhaitez une discussion animée, lancez collègues, amies, soeurs ou mères sur les collants, vous serez rarement déçu. Au milieu d'un tollé de frustrations -"Ça file tout le temps, c'est une honte", "Ça me cisaille la taille, je déteste ça", "Les teintes ne sont jamais adaptées à ma carnation"- vous trouverez toujours quelqu'un pour vous recommander une marque mieux que les autres, "si si je t'assure, j'ai certaines paires depuis quinze ans". Je dois mal me débrouiller car les miens passent rarement l'hiver.
Ce n'est pourtant pas faute d'avoir essayé les marques conseillées, même les plus chères, de Doré Doré à Wolford en passant par Falke ou Fogal. J'ai toujours été déçue. Ces dernières années, lassée de mettre jusqu'à 30 ou 40 euros dans des modèles trop fragiles pour moi, je me suis rabattue sur des Dim opaques noirs à 8 euros pièce en grande surface.
Jusqu'à cet automne. En pleine transition écologique, j'ai pris conscience que je n'allais pas pouvoir continuer à renouveler à un tel rythme mon stock de collants ultra polluants (le nylon est un dérivé du pétrole, donc non biodégradable). Certes, je les déposais dans une benne à recyclage lorsqu'ils devenaient hors d'usage, mais ce n'était qu'un pis-aller. Il était temps de vérifier si une solution plus durable n'existait pas.
Swedish Stockings, les premiers collants en polyamide recyclé
C'est à ce moment-là que j'ai découvert Swedish Stockings, la seule marque à proposer des collants tricotés à partir de polyamide recyclé. "Notre mission est de changer et d'influencer l'industrie du collant", revendiquent les fondatrices, Linn Frisinger et Nadja Forsberg, deux trentenaires suédoises qui font fabriquer leurs produits dans une usine italienne aux certifications strictes.
Le modèle 100 deniers que j'ai testé m'a convaincue. Il est plutôt onéreux -23,84 euros sur leur e-shop- mais bien plus confortable que les collants traditionnels et paraît également plus solide. Et pour cause : Linn Frisinger et Nadja Forsberg ont fondé Swedish Stockings après avoir vu Prêt à jeter, le documentaire norvégien de Cosima Dannoritzer et Steve Michelson (2010) qui démontre l'obsolescence programmée de plusieurs produits de la vie courante, dont les collants (ci-dessous, à partir de la 35e minute).
"Les collants sont passés d'un produit de qualité que l'on réparait dans les années 1950 à un article de consommation jetable", déplore Nadja Forsberg dans une interview au Vogue américain. En phase avec l'époque, leur approche responsable fait mouche : pour la première fois, l'achat de collant, jusque-là purement utilitaire, devient un acte engagé.
Heist, le confort dans le mouvement
Tout aussi innovante mais dans un registre différent, Heist a également attiré mon attention. Lancée en 2015 par deux Britanniques, Toby Darbyshire et Edzard van der Wyck, la marque se vante d'avoir conçu pas moins de 197 prototypes avant d'aboutir au collant qui répond aux besoins des femmes. Tricoté à partir d'un fil italien, sans coutures ni gousset, doté d'une large ceinture qui épouse les mouvements, il est décliné en sept nuances de nude pour des prix allant de 26 à 32 euros.
Ses débuts sont si prometteurs que Natalie Massenet, la fondatrice de Net-A-Porter, a investi dans l'entreprise l'année dernière. Je la comprends : depuis que j'ai testé The Fifty (50 deniers), j'ai du mal à porter autre chose. La ceinture ôte tout côté sexy au produit -un peu comme un jean de grossesse H&M-, mais son confort est stupéfiant et la maille de qualité.
Un made in France ultra spécialisé mais moins convaincant
Face à ces nouveaux acteurs qui dépoussièrent le secteur, qu'ont à offrir les références françaises ? J'ai contacté Dim, le leader du marché, et Bleuforêt, PME familiale dynamique. Toutes deux réussissent la prouesse de continuer de produire en France : chez Dim, les fils proviennent d'Europe, d'Israël ou du Japon et 90% des modèles sont tricotés à leur usine d'Autun, en Saône-et-Loire (les 10% restants sont les modèles fantaisie, fabriqués en Italie) ; chez Bleuforêt, l'atelier de filature est à Romilly, dans l'Aube, et l'usine à Vagney, dans les Vosges.
Très concernée par la question environnementale, Dim lancera son premier modèle en polyamide recyclé pour mars 2019, aboutissement de dix ans de recherches. Quant à Bleuforêt, l'essentiel de son chiffre d'affaires est réalisé sur des modèles en matières naturelles -coton, laine, soie. Des atouts qui s'accompagnent d'un rapport qualité-prix honorable : chez Dim, aucun modèle n'excède 20 euros ; chez Bleuforêt, les transparents démarrent à 7,5 euros, un opaque en laine est à 25 euros.
C'est au moment de l'essayage que le verdict tombe : le Body Touch de Dim ne marque pas la taille et fait une jolie jambe, le laine & coton de Bleuforêt est incroyablement chaud et bien fini, mais je les trouve moins agréables que les Heist et les Swedish Stockings. Ces derniers sont-ils véritablement plus solides ? Réponse dans trois mois. En attendant, j'y tiens tellement que je n'ai jamais autant pris soin de mes collants, me limant les ongles avant chaque enfilage et prenant garde à ne pas les accrocher. Réapprendre la vraie valeur d'un vêtement, aussi fonctionnel soit-il, n'est-ce pas finalement le plus important ?